Des nazis et des juges by Michal Bernard

Des nazis et des juges by Michal Bernard

Auteur:Michal, Bernard [Michal, Bernard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Éditeur: Omnibus (Éditions)
Publié: 2015-09-23T22:00:00+00:00


Il est 16 h 30, le jeudi 28 mars, quand, Paul Schmidt ayant quitté la barre, c’est Ribbentrop lui-même qu’y cite le Dr Horn. Ses « troubles de la parole » ne l’empêchent pas de se présenter longuement, et avantageusement.

D’une vieille famille de soldats, il a été étudiant à Metz. C’est là, dit-il, qu’il a appris « à aimer la France » avant de pérégriner à travers le monde : Suisse, Londres, Canada, Turquie. Après 1919 et le traité de Versailles (« aucun gouvernement au monde ne pouvait signer un tel document ! »), il est un temps commerçant et aussi négociant en vins de Champagne. L’économie allemande cependant se dégrade, lui faisant craindre une prochaine guerre civile. En vain, selon lui, dénonce-t-il à ses amis français et britanniques les périls que fait courir au monde la situation subalterne et humiliante faite au Reich et leur prédit-il l’avènement de Hitler, dont l’ascension a commencé, si on refuse à l’Allemagne « sa chance ». Le 13 août 1932, il rencontre l’aventurier au Berghof et le quitte convaincu que c’est là « le seul homme capable de sauver le pays ».

C’est ensuite le rappel de sa rapide carrière politique, amorcée par une habile manœuvre de Hitler, soucieux d’amadouer les plus fieffés réactionnaires et de les persuader qu’il est le chef capable de ramener l’ordre, puis poursuivie par l’effet de la flagornerie de Ribbentrop et de l’illusion que Hitler se fait des capacités de ce dernier. Après le 4 février 1938, date à laquelle il succède à von Neurath à la Wilhelmstrasse, Ribbentrop est nommé à l’un des grades SS les plus élevés, celui de Gruppenführer.

« Il me fut évident, dit-il, dès mon entrée au ministère, que je devais travailler à l’ombre d’un titan et prendre mon parti d’une certaine dépendance d’action. »

Douze jours plus tard, Hitler convoque le chancelier Schuschnigg à l’Obersalzberg : déjà le Führer prépare la main mise sur l’Autriche.

« Pour ma part, dit Ribbentrop, je me suis borné à avoir avec le visiteur une conversation très amicale et à lui suggérer d’envisager une collaboration plus poussée entre nos deux pays. »

C’est-à-dire cette union économique dont a parlé son ancienne secrétaire.

Puis le nouveau ministre part pour Londres, pour son audience de congé d’ambassade. Il s’y trouve lorsque la Wehrmacht entre en Autriche et se hâte de quitter l’Angleterre pour être à Vienne en même temps que le Führer. Ici, Ribbentrop va trop loin ; non seulement il prétend avoir tout ignoré du projet d’Anschluss, mais il ajoute que Hitler même ne l’a conçu qu’en pénétrant en Autriche, jugeant que c’était là le seul moyen d’y éviter la guerre civile. Le tribunal paraissant sans doute sceptique, l’accusé développe un corollaire à sa thèse : la question autrichienne était du domaine réservé du chancelier du Reich ; ainsi son ministre était-il désarmé, encore que, le 13 mars, il signe la loi d’annexion.

Pour l’affaire des Sudètes – et l’accusé affirme qu’elle était « très bien comprise par le Foreign Office », qui avait



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